Sur la voile de son bateau fait de planches et de restes, il y a les ruines de La Poste
de son enfance. Elle a brûlé en décembre dernier lors des révoltes en Martinique.
Soleil en mille morceaux
Eclaboussures de la mer en Feu
Canicule atmosphérique – canicule politique
Madmax
Dans l’atelier à l’envers – sous cette chaleur acidulée
on cherche à faire des petits accras – de sargasses*, un petit truc sympa
44°, ce pourrait être un rhum arrangé
Finis les cocotiers.
Tohu-bohu de la genèse, c’est le radeau qui dérive…
Dehors, à La Poste – qui nous relie à la Martinique – on voyage à l’écrit sur des cartes
qui défient la mer et migrent « sur le vieux buffet, sous la poussière grise »(1).
Poussières de catastrophes
Le bateau s’est émietté à son tour – ne restent que ses entrailles – à ciel ouvert.
Telle une décharge – elle en jette à la figure des cartes postales
aux atmosphères remixées remplies de sargasses
de fantômes de rhum – photos trafiquées dans la forêt carbonisée.
Déluge manifeste.
Manifeste est cette dérive, avec pour plusieurs destinations
des espaces entre tous les temps – entre toutes les vagues – entre tous les genres
Louiz MARRON – en correspondance – pourrait être une fille et un garçon
sorte de nouvelle connexion trouble d’internet qui active le bug enflammé
MAWON(2)
Né-e dans les remous de l’écume de Yemanja – déesse de la mer
Louiz est un nèg mawon féminin qui prend la fuite et migre
De la Martinique vers Monflanquin – de Monflanquin vers la Martinique
Son « arme de guerre traverse la mer »(3) et s’enivre de souffle cosmique
Soleil brûlant
Sa résidence est une énigme – entre le réel et l’imaginaire
Sur ce pont – entre les brûlures acidulées dans ce radeau
Entre la Martinique et cette bastide – encore plus petite que son île
elle l’imagine sous les eaux, l’insularité engloutie dans la ruralité
Va-t-on y retrouver l’essence de la mer – la tempête – les flammes
dans sa fuite faite de poussières ?
Fumées d’été… Entre deux eaux… où disparaissait le ministère de l’outre-mer
Finis les cocotiers. Déracinés par la montée des eaux.
Frontières dénouées par ces noeuds qui lâchent
Limites de la planète dépassées
Atelier à la dérive.
Carte postale brûlée et rafistolée par du rhum – arrangé
Sous un soleil en mille morceaux.
Louisa Marajo
louisamarajo.com
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